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Michel Claise

Que lisais-je, quand j’étais lycéen ? Des histoires d’aventures, historiques, fantastiques, de science-fiction, des romans universels écrits par les plus grands auteurs français comme Camus, Sartre et bien sûr, des bandes dessinées. Tout ce qui construit la pensée, la réflexion, l’âme en quelque sorte.

Et c’est à force de lire qu’un beau jour, « il était une fois », il m’est venu l’envie d’écrire, de mettre sur pied des récits qui parlent de mes souvenirs, de mes souffrances comme de mes joies, de mes combats.

Dans la vie professionnelle, j’exerce le métier de magistrat chargé de lutter contre un des plus grands fléaux de notre temps : la criminalité financière. J’ai donc décidé que certains de mes romans y seraient consacrés. « Cobre », celui qui vous est soumis, est un mélange entre cette dénonciation qui parfois m’obsède et l'envie de proposer au lecteur de vivre le temps d’une lecture aux côtés de personnages qui ont ou auraient pu exister.

Lançons-nous dans l’histoire. Le 11 septembre 1973 à Santiago du Chili, la Junte militaire renverse le gouvernement démocratiquement élu et son Président, Salvador Allende. Le pays bascule dans l’horreur. Exécutions sommaires, arrestations arbitraires, tortures… Le général Pinochet qui a pris la tête de l’État a bien l’intention de supprimer tous les opposants politiques. Ce jour-là, l’armée prend d’assaut la Moneda, le palais présidentiel. Peu avant l’attaque, Allende convoque un de ses proches collaborateurs, un jeune journaliste nommé Jorge Correa. Il lui confie une mallette contenant des documents confidentiels avec pour mission de la remettre à Fidel Castro, le dirigeant cubain. 

Dans ce roman initiatique, j’ai voulu faire vivre au héros une transmutation pareille à celle du cuivre, la richesse du Chili. Mais c'est aussi un récit policier, dont les faits historiques et anecdotes sont rigoureusement réels. Je le répète : certains personnages ont existé, et il faut rendre hommage à ces héros involontaires. C’est enfin un roman d’amour, car de toutes les violences naissent les plus grandes passions.

Mais le but est de dénoncer les exactions commises par un pouvoir absolu, sans respect des libertés et des droits de l’homme. Et l’intervention des États-Unis, complices dans la chute d’Allende, parce que le Président avait osé nuire aux intérêts économiques des entreprises américaines, en nationalisant l’exploitation du cuivre. Quand la recherche du profit justifie qu’un État en arrive à interférer sur le destin d’un autre, en brisant un rêve démocratique.

Le monde a-t-il vraiment changé ? Bien sûr que non. Et vous, jeunes lycéens, seriez-vous prêts à prendre l’engagement de tenter de le faire ?

 

Michel Claise évoque Cobre sur les ondes de la Première (interview du 3/11/2017 - durée: 22min.)