Cher journal,
Aujourd’hui, j’ai à la fois tout et rien à te dire. C’est un jour comme les autres, un de plus passé au centre dans lequel je suis enfermé. Cela fait beaucoup de temps pour réfléchir à ce que j’ai fait, tu ne trouves pas ?
J’ai beaucoup pensé à ce qui s’est passé le jour où j’ai voulu tuer Madame Inès… et j’espère vraiment la revoir un jour pour lui dire à quel point je suis désolé. Désolé de m’être laissé manipuler, désolé de l’avoir reniée, et surtout désolé d’avoir voulu lui faire du mal.
En la reniant, j’ai aussi renié mon seul et vrai Dieu, Allah. J’ai nié tout ce qui m’était cher dans la vie : ma mère, ma sœur, mes amis, ma foi et par-dessus tout, moi-même.
Je n’ai pu lui dire qu’un mot la dernière fois que je l’ai vue : pardon. Mais comment se faire pardonner un tel péché avec un seul mot? Et comment pardonner à l’homme qui a tenté de vous tuer ? C’est impossible…
Il me faut voir Madame Inès pour lui dire ce que j’ai sur le cœur, maintenant que j’ai les idées claires. Le jeune Ahmed qu’elle a connu n’existe plus, il a certes perdu l’usage de ses jambes depuis sa chute, mais il a grandi et est désormais un homme bon.
Il faut parfois tomber pour mieux se relever, pas vrai ?
